Démystifier la mort, une question à la fois

La mort est inévitable, omniprésente et injuste. Elle frappe, heurte, nous laisse sans réponses et nous pousse parfois à douter de la bonté de la vie. Aussi difficile soit-elle, elle ne se contourne pas et lorsqu’elle se présente, la seule voie possible est de lui faire face. Pour nous aider à mieux saisir la mort, nous avons eu envie d’interroger celui qui la côtoie quotidiennement : Jean-François Beaudry, thanatologue.

Pour mieux situer ce sujet nébuleux dont on parle abondamment, mais dont on connaît trop peu la signification réelle, comment légalement au Québec détermine-t-on qu’un être est décédé?

D’ordre général, seul un médecin peut déclarer légalement un décès. En termes médico-légaux, la mort d’un être humain est le moment où toutes les fonctions vitales sont arrêtées.

Dans les films et la fiction, on relate bien souvent le moment de fin de vie, mais très peu la suite des événements. Une fois la mort déclarée par le médecin, quelles sont les étapes suivantes pour la famille et les proches du défunt?

D’abord, la personne décédée sera transportée aux institutions de la maison funéraire. Un contact avec la famille sera fait pour prendre rendez-vous afin d’organiser les funérailles. On rencontre ensuite la famille pour connaître les volontés du défunt et de la famille afin de nous assurer de créer une cérémonie à l’image de la personne décédée.

Arrive alors le temps de planifier concrètement les funérailles en contactant le presbytère pour la célébration, la réservation du célébrant, l’avis de décès, etc. On s’occupera alors du traitement des documents légaux auprès des ministères et du Directeur de l’état civil. Enfin, le temps des adieux arrivera avec l’exposition en premier lieu et les funérailles ensuite.

Nous avons déjà discuté sur le blogue de la thanatopraxie, mais très peu de son importance dans la progression du deuil. Pouvez-vous nous expliquer comment l’embaumement peut aider la famille endeuillée à travers cette difficile étape?

D’abord, l’embaumement sert à la préservation du corps et elle est obligatoire suivant les 18 heures du décès si on veut exposer le corps. Donc, ultimement, l’embaumement permet d’exposer la personne décédée et d’offrir un moment privilégié à la famille et aux proches.

En travaillant à préserver le plus possible les traits naturels de la personne décédée et à l’exposer de la façon la plus fidèle, la thanatopraxie permet aux proches de voir cet être tant aimé, de se rappeler des souvenirs, de réaliser son départ et d’entamer son processus du deuil. Il va sans dire que c’est un moment-clé dans le processus de deuil d’une famille. Évidemment, si le choix a été fait d’exposer les cendres du défunt, il n’y aura pas d’embaumement.

Si on poursuit la discussion sur les rites funéraires, c’est donc un peu pour les mêmes raisons qu’on organise des funérailles : pour aider le processus du deuil, mais aussi pour se remémorer la vie de la personne décédée, pour lui rendre hommage.

Tout le monde devra affronter la mort un jour ou l’autre, c’est un fait inéluctable de la vie. Or, il doit bien y avoir des trucs ou des façons d’apprivoiser la mort ou de vivre rapidement un deuil?

Malheureusement, il n’y a pas de formule magique. La visualisation du corps lors de l’exposition peut être un bon point de départ pour assimiler cette difficile réalité qu’est le départ d’un être cher. On peut aussi en parler pour nous aider à faire la lumière, à verbaliser nos émotions ou nos pensées, mais seul le temps pourra nous aider à traverser un deuil. Parce qu’il est bien important ici de faire la distinction : un deuil, ça se traverse, ça ne se contourne pas.

Alors que vous côtoyez chaque jour des gens endeuillés, des familles attristées par le départ d’un être aimé, comment arrivez-vous à les accompagner? Comment voyez-vous votre travail auprès de ces personnes?

Chaque jour, nous travaillons à accompagner ces familles endeuillées dans le plus grand respect de leur volonté. Le deuil est un moment extrêmement personnel pour chacun et notre travail en est un d’arrière-scène : nous ne décidons pas, nous répondons à leur besoin du mieux que nous pouvons. Et pour y arriver, il est impératif d’être à l’écoute des gens.

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